Tour du Mont-Blanc : Jour 9

JOUR 9 :  » Les Frasserands, Tré-le-Champ, Aiguillette d’Argentier, Lac Blanc, Les Flégères »

C’est le début de la fin. Le jour 9 marquera la dernière nuit en refuge de mon Tour du Mont Blanc. Le GR aborde ici le massif des Aiguilles Rouges et son incroyable réserve naturelle.

Il est 8h, il fait beau, je ne pense pas à mon pied qui me lance des éclairs douleurs, marcher me réparera.

Le programme m’a empêché de dormir tellement que je suis excitée à l’idée de le découvrir. Nous nous rapprochons de Chamonix,  et je sais que c’est aujourd’hui où je me confronte aux fameuses échelles. S’il pleut, c’est cuit mais la météo est cette fois avec moi, les dégradations démarrent à 14h, j’ai le temps d’en profiter. J’opte pour la variante que propose le topoguide, celle qui me conduira aux Lacs des Chéserys et le Lac Blanc, un grand, un très grand classique.

Comme il faisait moche les jours précédents, ces rayons matinaux sonnent comme une bénédiction. Ce panorama ne le lassera jamais, j’en ai l’absolue certitude. Je ressens beaucoup de bonheur à l’aube de ce jour 9. Déjà 150km dans les jambes, seule à réaliser ce rêve.

J’attaque la montée et très vite je rencontre Luc. Il manie un appareil photo alors j’en profite pour lui demander d’en prendre une de moi avec mon iPhone, il semble être l’autochtone idéal en la matière. Nous discutons ensemble pendant que nous montons. Luc vient de Belgique depuis 20 ans ici dans les Alpes. Il est amoureux de la région de Chamonix où il réside pour la semaine. Il me raconte ses souvenirs et nourrit ma soif de projets à venir. Nous passons les fameuses échelles ensemble.

J’adore le vide alors j’aurais dû mal à vous dire de manière neutre si c’est difficile mais je sais qu’il existe là un itinéraire bis pour celles et ceux qui on le vertige ou par temps humide. Il me donne le nom des sommets, me montre les bouquetins, encore une nouvelle rencontre au hasard très sympathique. Le vent se lève, à partir de 2000M d’altitude j’ai carrément froid.

Je prends une photo des lacs de Chéserys et plus haut encore, nous arrivons au point culminant de cette étape, le Lac Blanc (2352m ). Nous sommes hors-saison et pourtant il y a un peu de monde, j’imagine à peine le flot de touristes en juillet/aout, tout ce que j’évite.

Il y a seulement 1H10 de descente annoncée jusqu’à La Flégère alors je prends le temps de faire une vraie pause dans le mignon chalet-refuge au bord du lac. Très simplement, sans drague (je vous vois venir les guyz), Luc me propose de partager le pot de l’amitié avec lui et j’accepte de continuer à l’écouter raconter ses merveilleux souvenirs de randonnée. Nous nous serions certainement jamais rencontré dans un autre contexte, je ne bois d’ordinaire aucun verre avec des inconnus mais en montagne, tout est plus fluide. Il m’offre une croute, lui dévore une omelette, il se lève et paye et puis il s’en va. La météo se gâte, le paronama se voile, l’épais brouillard refait surface, il ne faut pas que je tarde.

Je bois un thé avec un groupe de vieux français (5 amis d’une moyenne d’âge de 75 ans), alors que je sors je tombe sur Khüom qui tente de me corrompre avec une belle part de tarte aux myrtilles, je file.

Beaucoup de monde sur cette descente. Des groupes et des installations humaines. Des remontées mécaniques fermées, les larges pistes de ski, on sent tout l’influence de Chamonix, je suis triste de voir du béton et des câbles dans mon paysage.

15H30 : cette toute petite étape est terminée (11,8km/1120D+), le refuge de La Flégère est le seul qui accueille les randonneurs des kilomètres à la ronde, il y a du monde. Toutes celles et ceux que j’ai croisé ces 9 premiers jours. Marc l’allemand, le trio infernal irlandais, des espagnols, un couple de roumains, les charismatiques, les discrets, les amis, les voyageurs solo, Khuome, le groupe de vieux de 75 ans, c’est ici que je passerai avec eux la dernière nuit. C’est dommage car je termine sur le refuge le plus pourri de mon périple. Mal isolé, 10 degrés dans le dortoir géant, un confort rudimentaire, un accueil à peine sympa, je ne veux pas être là et à la fois je ne veux pas partir car chaque pas dehors me rapproche dangereusement de la fin de cette boucle.

La neige commence à tomber. Les estimations météorologiques ne sont pas optimistes. Je suis à 1877m mais il se dit que le lendemain au dessus de 2200m, ça va être la grosse merde. Je regarderai par la fenêtre jusqu’à la nuit. Mon amie hawaïenne me donne ses coordonnées, elle prolonge un peu son séjour avant de rentrer et nous nous promettons de garder contact. Elle m’orthographie enfin correctement son prénom. Je l’ai écrit et pensé de toutes les façons et finalement j’apprends qu’elle s’appelle GUIYUM. (à prononcer Kguome ).

Une tartiflette, un plateau de fromages en dessert (mais qui fait ça franchement ?!), au lit !

Mon parcours sur Strava : 11,8km/ 1120D+

Relire le jour 8 ici

Continuer avec l’ultime jour 10 ici

Je ne vous donne pas le lien vers le Refuge de La Flégère où j’ai dormi pour 60,5€ (cher et naze ) mais celui du Lac Blanc archi trop mimi : ici

12 thoughts on “Tour du Mont-Blanc : Jour 9

  1. Oh j’ai lu tout ton récit et adoré !, et je suis toute fière d’avoir foulé presque le même chemin quand je suis venue en famille (avec mes garçons 5et 8 ans) cette été. De l’index jusqu’au lac Blanc Puis re descente vers la Flégere , j’ai adoré, c’était ma première expérience en haute montagne! Alors vivant dans le Noooorrrrd, ça change de mon plat pays!! Je te suis sur Instagram et snap surtout et je kiffe tes moments montagne, rando et autres! C’est indescriptible ce que l’on ressent , c’est apaisant comme si c’était une évidence être là, si bien, avec ce décor sublime! Merci de nous montrer ces paysages par tes aventures , et avec un tel mental ! Bravo ! Car on sent bien que ça a été dure voir très dur lorsque tu as été malade ou avec les douleurs au pied. Et tu as continué, rien lâché ! Chapeau franchement, car tu démontres bien que tout est possible, pas de barrières quoi! Tu es inspirante, et meme pour moi mère de famille de 40 ans, pas sportive du tout, pas fitgirl du tout! T’es tout public Laure, alors merci. Prend soin de toi, et kiffe la vie comme bon te semble car personne ne le fera à ta place! Biz

  2. Magnifique récit de ce tour du Mont Blanc en solo !
    Je suis heureux que cette année « La Jonction » ….. aie fait forte impression aussi ! Oui, une très belle randonnée et aussi historique.
    Ahh la montagne! …. regarder au-delà; comprendre et ressentir.
    Amitiés du Nord
    Luc

  3. Je viens de lire les 9 premiers jours il me tarde de lire l’ultime jour mais le lien ne fonctionne pas helppppp je meurs d’impatience

    Ça me donne tellement envie…
    As tu croisé des randonneur accompagné de leur chien?

    1. As tu trouvé l lien du jour 10 ? Dans mes souvenirs, pas de randonneurs avec des chiens mais je sais que ce n’est pas impossible 😉

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