
De la Loire au Rhône, j’ai roulé 150km/2100d+ sur une ancienne ligne de chemin de fer aménagée en véloroute: la Via Fluvia. De gare à gare en incluant des variantes, je vous raconte mon expérience en vélo avec 2 nuits en bivouac sur cette Via Fluvia en 3 jours.
La Via Fluvia: une ancienne ligne de chemin de fer aménagée
Cet aménagement cyclable de 90km emprunte le tracé d’une ancienne ligne de chemin de fer appelée « La Galoche ». Ce train à vapeur reliait la Loire au Rhône (inauguration en 1890) en passant par l’Ardèche avant l’arrêt de son exploitation en 1952. Dans le temps, il était possible d’aller de Firminy à Saint-Rambert d’Albon en train grâce à plusieurs sections de trains ! Durant votre périple, vous découvrirez de nombreux vestiges de ce passé ferroviaire.


Depuis 2013, plusieurs collectivités se sont regroupées pour aménager l’une de ses voies de chemins de fer (la Galoche) et en 2025, 90km sont déjà balisés, aménagés et sécurisés pour les cyclistes. Certains tronçons ne sont pas encore réhabilités mais en utilisant les itinéraires bis proposés sur le site de la Via Fluvia, c’est possible de réaliser un parcours de gare à gare.

De mon côté, j’ai choisi de partir de Lavoûte-sur-Loire (sur la ligne de train Saint-Etienne / Le Puy-en-Velay) jusqu’à la gare de Saint-Vallier (qu’on trouve sur la Via Rhôna). Découvrez mon récit en vidéo ici sur instagram. Habitant autour de Lyon, j’ai trouvé cette traversée itinérante facile à planifier sans voiture. Néanmoins, les espaces pour les vélos sont peu nombreux sur la ligne St-Etienne / Le-Puy-en-Velay alors idéalement, programmez cette escapade en semaine ou hors des vacances scolaires (si possible). Aussi, la réservation pour son vélo est obligatoire entre Lyon et Saint-Vallier alors il est important d’anticiper ses trajets.
Découvrir la réglementation et tarification pour les vélos à bord des TER ici



Comment planifier la Via Fluvia
Le site officiel de la Via Fluvia est très complet pour vous aider dans l’organisation de votre voyage à vélo. Les parcours sont décrits, des traces GPX sont disponibles en téléchargement et vous trouverez de nombreuses informations pratiques. Le site à lui seul suffit pour organiser votre itinérance. De mon côté, j’ai rapidement décidé de réaliser la Via Fluvia en 3 jours. Le compte instagram et blog de Julien Audigier m’ont particulièrement aidée à définir le découpage des étapes et les variantes que je souhaitais ajouter.
Pour vous loger, vous avez un grand choix d’hébergements en hôtels, gîtes et chambres d’hôtes qui acceptent les vélos (pour recharger votre vélo à assistance électrique). Grâce à la section « où dormir » et « où manger », j’ai trouvé toutes les infos dont j’avais besoin pour préparer la Via Fluvia en 3 jours.
J’ai fait le choix de dormir en tente mais peu fan du bivouac sauvage, j’ai choisi de dormir en camping. Je vous raconte mon expérience dans la suite de mon article.

Ma Via Fluvia en 3 jours : de Lavoûte-sur-Loire à Montfaucon-en-Velay (jour 1)
En sortant de la gare de Lavoûte-sur-Loire, je cherche des indications de balisage mais je n’en trouve pas alors je suis la trace GPX que j’avais prévue mais je tombe au bout d’1km sur l’entrée « officielle » de la Via Fluvia avec les premiers panneaux et explications après le Pont de la Galoche. L’itinéraire chemine rapidement en pleine campagne avec de belles vues sur les sucs du Velay. Après Rosières au km 7, je quitte momentanément la véloroute pour aller au dessus du Ravin de Corboeuf par un itinéraire VTT/gravel. Ainsi, je peux voir les ravins d’en haut depuis les différents belvédères. Pas évident de rester tout le temps sur le vélo car ça monte fort dans un chemin plein de cailloux et après le Hameau de Chastel, on retrouve la Via Fluvia pour une des plus belles parties du parcours tout en balcon.



En approchant d’Yssingeaux, il faut longer l’autoroute (sur notre parcours bien sécurisé) et j’essaye de passer cette partie au plus vite car je la trouve dénuée de charme. J’ai du mal à trouver les panneaux indicatifs dans Yssingeaux. Je ne m’arrête pas du tout car tout le centre ville est en travaux et les engins sur place font beaucoup de bruit. L’étape continue en rejoignant la paisible voie verte jusqu’à Grazac. Je décide d’aller voir la Passerelle du Lignon, passerelle himalayenne impressionnante et très scénique. Pour cela, il faut faire un aller-retour supplémentaire de 5km environ. Juste avant la passerelle, il y a une buvette pour se rafraichir et des parkings à vélo où se garer avant de finir à pied (j’avais pris tous mes objets de valeur sur moi dans mes poches). J’ai commandé mon premier granité « Chez Steph » depuis au moins 25 ans hahaha.

Plutôt que vous publier une photo de moi à la buvette, je vous partage quelques photos de la spectaculaire passerelle himalayenne de 268m. Je ne regrette pas du tout d’avoir pris cette variante.



Après avoir retrouvé la Via Fluvia au km 40, il faut continuer jusqu’à Montfaucon-en-Velay. Après 56km et 1000d+ (à cause des variantes), le jour 1/3 est fini. Mon étape sur Strava (il faut être abonné.e pour avoir accès à l’activité et vous pouvez télécharger le GPX depuis un ordinateur)
Pour cette première nuit, j’ai réservé un camping qui n’en est pas vraiment un : l’aire de bivouhamac du Jardin Mirandou de Montfaucon-en-Velay. Cet endroit est inclassable ! Ici on accueille des randonneurs (dont les pèlerins de Compostelle) et des cyclistes en gite/chambres d’hôtes. Pour ceux qui souhaitent planter la tente, leur jardin est à disposition. Le prix est libre sous forme de don. Ce jardin est superbe avec plein de plantes sauvages et des espaces de détente… dont des hamacs à disposition si vous voulez y passer la nuit (entourés des bruits de grenouilles). Je prends une douche fraîche, je bois un coup sur leur terrasse, je me sens hyper bien ici et les hôtes sont très accueillants.



De Montfaucon-en-Velay à Burdignes (jour 2/3 de la Via Fluvia)
Départ matinal pour éviter la chaleur annoncée. Pour cette deuxième étape, on va passer de la Haute-Loire à la Loire et son célèbre massif du Pilat. Aussi, c’est aujourd’hui qu’on doit emprunter un tronçon non aménagé de la Via Fluvia entre Riotord et Saint-Sauveur-en-Rue (6km au total). On va passer par Le Tracol (1030m d’altitude) et c’est exactement ici que je vais avoir une idée un peu étrange: rejoindre le village de St-Sauveur-en-Rue… Par un bout du chemin de Compostelle (balisé pour les VTT aussi). J’ai voulu éviter la départementale et au lieu de cela, je me retrouve en pleine forêt à monter/redescendre du vélo car les pentes sont raides et le terrain est parfois technique. Quel bonheur de retrouver le goudron après ce passage un peu galère !



Les variantes et idées loufoques ne font que commencer: je décide d’aller manger au Château de Bobigneux à l’extérieur de St-Sauveur-en-Rue. Je regarde sur ma carte IGN qu’il est possible de rejoindre le restaurant à travers bois en cachant le vélo derrière un arbre ! Le chemin ne sera pas facile à trouver mais après finalement 600m de marche, je rejoins l’entrée officielle. C’est une adresse très gourmande que je recommande. J’en ai parlé sur mon compte insta @eatcommefoufou



Après ce déjeuner, il faut remonter 600m à travers la forêt pour rejoindre la Via Fluvia (et le vélo caché derrière un arbre). On a connu des balades digestives plus paisibles ! Ce raidillon en pleine forêt m’a crevée ! Ensuite, direction Bourg-Argental où de nombreux cyclistes font étape pour la nuit. Comme l’étape me semble trop courte, j’en profite pour m’arrêter à La Fabrique de Julien, LA confiserie la plus célèbre du Pilat. Visite de l’atelier et dégustations d’échantillons en boutiques (j’achète des sucettes)



Pour finir l’étape, j’ai repéré un camping à la ferme à Burdignes, à 6km au dessus de Bourg-Argental. C’est un beau challenge avec un vélo chargé de sacoches, il y a beaucouuup de dénivelé positif pour arriver à ce village. J’étais venue manger à La Ferme du Linossier lors d’un week-end en chambre d’hôtes il y a deux ans mais il faisait tellement froid et nuageux qu’il fallait que je revienne sous le soleil. Je peux vous dire que faire la montée à Burdignes en plein cagnard à 15h m’a presque fait regretter le brouillard de la dernière fois. J’ai bu cul sec 1 litre de sirop d’orgeat en arrivant à Burdignes après 45km/880d+. Mon étape est à retrouver sur Strava (il faut être abonné.e pour accéder au compte rendu d’activité et le téléchargement du GPX est possible uniquement depuis un ordinateur)



Pour cette seconde nuit sous tente, j’avais réservé au « Camping à la ferme » de Burdignes. J’avais trouvé les infos sur le site de la Via Fluvia (ils n’ont pas de site internet). Un panneau dans le village indique le camping qui se trouve à 200m du centre. Le terrain est adjacent à une ferme (comme son nom l’indique). Il y a des prises, une douche, des toilettes et un lavabo avec un accès à un point d’eau potable. Le confort est vraiment rudimentaire mais ces installations sont très pratiques. Ce que j’ai particulièrement apprécié c’est qu’il est possible de visiter la ferme. On peut aller voir les petites chèvres et même assister à la traite des vaches. Je suis sûre que ce camping plairait aux familles avec des enfants.



En fin de journée, il me reste de l’énergie et je décide d’aller vers La Croix de Chirol avec mon gravel. C’est un spot de randonnée que j’avais découvert 2 ans auparavant (toujours sous le froid et le brouillard) et la lumière de fin de journée est une invitation à y retourner. Toutes les affaires sont laissées sur le terrain de camping donc le vélo est plus léger. Je ne lance pas ma montre mais il y a 7/8km pour cette boucle (réalisable à pieds) et certains passages nécessitent un VTT plutôt qu’un gravel ou un vélo de voyage.



Jour 3 de la Via Fluvia: De Burdignes à Saint-Vallier (par Annonay et la Vallée de la Cance)
Pour cet ultime journée de la Via Fluvia en 3 jours, il faut rejoindre le Rhône par Annonay. Le profil de l’étape est plutôt descendant et tant mieux car j’ai les jambes KO par ce dénivelé (et la chaleur). Le paysage commence à changer, je trouve la flore plus verte et plus douce. J’adore la découverte des environs d’Annonay, quelle bonne surprise ! La Via Fluvia passe par le Musée des Papeteries Canson et Montgolfier. Juste en passant en vélo, on peut voir des vestiges de l’histoire du papier depuis le 17 ème siècle. Le cheminement en sous bois près de l’eau est très calme et agréable.



Traverser Annonay en suivant les panneaux n’est pas évident. La ville est assez grande et les indications pour se diriger vers le Lac Vert manquent un peu. C’est un soulagement de sortir de la ville et retrouver notre bonne vieille galoche (le nom de l’ancienne ligne de chemin de fer aménagée). La gare de Vernosc-Lès-Annonay transformée en restaurant avec sa terrasse donne envie de s’arrêter faire une pause mais ce lac vert me donne très envie alors il faut continuer de rouler.
Ici s’arrêtent tous les aménagements pour les vélos alors il faut bien préparer son voyage pour parcourir paisiblement la suite de l’étape. Aussi, la route est en cailloux et en terre alors attention à la crevaison. Pour aller jusqu’au point final Saint-Vallier (par Serrières), il faut descendre par la merveilleuse Vallée de la Cance. Sans exagérer, j’ai eu un coup de coeur absolu pour cette route abandonnée. La pente est douce, le paysage est très ouvert et les lacets nombreux me donnent l’impression de rouler à la montagne. Il n’y a que 2/3 voitures qui passent. Bref, ne manquez surtout pas cette Vallée de la Cance.
Enfin, cette 3 ème et ultime étape se finit en gare de Saint-Vallier après 46km et 220d+. Retrouvez mon activité sur Strava (il faut être abonné.e pour la consulter et télécharger le fichier GPX depuis un ordinateur)



Et voilà, je crois avoir tout dit de mon retour d’expérience de la Via Fluvia en 3 jours. Bien sûr, vous pouvez choisir de la faire en plus ou moins d’étapes. J’ai adoré cette traversée de fleuve en fleuve et la découverte de ces coins d’Ardèche, Haute-Loire, Loire et Drôme. Je recommande les tronçons aménagés en famille ou pour les débutants, ces aménagements sont très rassurants. N’hésitez pas à me poser vos questions en commentaires