Le Tour du Mont-Blanc : Jour 2

JOUR 2 : « Les Contamines, La Balme, col et croix du Bonhomme, Tête des Fours en aller-retour, descente par Ville des Glaciers, Refuge des Mottets »

Avoir annulé ma nuit la veille et prolongé ma première étape m’oblige à revoir mes plans dès le 2 ème jour. La prochaine nuit est réservée et ce sera au Refuge Robert Blanc. Il ne se trouve pas sur le tracé du TMB (= Tour du Mont-Blanc), il est sur la variante d’une variante, je vais morfler pour y aller car il se trouve au pied d’un glacier, à 2750m d’altitude.

Le dénivelé positif à venir ne m’effraie pas car j’ai une bonne condition physique et j’ai déjà encaissé des montées bien pires que celles à venir.

Les Contamines d’où je démarre c’est 1170m alors d’après mes calculs, ça va quand même bien piquer…

Pain, beurre, confiture, eau dans mes bouteilles OK, je me mets en route vers 8H30.

La première partie de ce jour 2 n’est que de la montée. Ce que je ne dis pas et dont je n’ai pas parlé sur Instagram, c’est que je commence à tomber malade. Peu d’appétit le matin, mal à la tête, vertiges, je mets ça sur le compte d’une petite nuit. Rien de technique, variété de paysages très jolis, des vaches, des moutons, le soleil qui joue à cache à cache avec les nuages, comme je suis faible je fais plusieurs pauses mais je kiffe.

 

Au col de Bonhomme (2329m), je me sens tout à coup mal. Le vent me fouette le visage, j’ai trop froid en short, aïe. Je joue le jeu des photos de blogueuse mais le coeur n’y est pas comme je me sens mal.

 

Au col de La Croix du Bonhomme un peu plus haut ( 2479m), c’est pire. Je suis démontée, je suis fiévreuse, je suis malade, c’est sûr.

Je fais une halte au refuge du même nom et m’installe près du poêle mais ne me réchauffe pas. Je prends des cachets et prie pour mon état léthargique s’en aille très vite. Je n’ai pas faim, pas soif, mais après 4H et quelques de montées, il faut que je me retape. Je commande une omelette mais ça ne passe pas, j’ai faim et pas faim à la fois. Je ne la termine pas car je me sens très faible mais tant pis, je ne m’éternise pas et je file. J’échange mon short contre un pantalon, la température a fortement diminué à cause de l’altitude et je sens que c’est le moment pour filer et gagner le Refuge Robert pour aller me reposer.

 

Rien ne se déroulera ensuite comme prévu.

Mon état empire, je ne reconnais plus ma foulée, je n’arrive pas à marcher, mon corps rejette ce que je tente de lui imposer. Je me déteste. De pas savoir si je dois continuer, de songer à arrêter et de douter d’emblée que je ne vais jamais y arriver. Je dois m’engager sur une partie très alpine et assez technique car le balisage est très mauvais. Je vérifie où j’en suis sur le parcours grâce à ma carte IGN que j’ai chargé dans mon téléphone portable et à cause d’un mauvais calcul, je comprends trop tard qu’il me reste encore 1000d+.

 

J’ai froid, je souffre dans toutes les montées, je sais que les autres randonneurs n’emprunteront pas ce sentier et que je ne croiserai personne, mon mental tente de m’abandonner, je ne me sens pas vraiment en sécurité.

Au col des fours, je rejoins le sentier qui mène à Robert Blanc. Un rapide coup d’oeil depuis la tête des fours ( 2756m) et je l’aperçois au loin, au pied du glacier et enneigé. A ce moment il me reste 5h de marche, je suis censée arrivée là-bas vers 20h et ce sera vraiment tard, et à la vue de mon état, je m’arrête là.

Il faut que je redescende tant que j’en ai l’énergie. J’ai besoin de retrouver le tracé officiel et croiser d’autres randonneurs, vu mon état minable je ne souhaite pas rester seule.

 

Comment je vais faire maintenant que je ne vais plus au refuge ?! Si je perds cette réservation, où vais-je dormir ?

2-3 coups de fil rapides et les mauvaises nouvelles tombent : cette nuit TOUT est complet à 6h de marche à la ronde.

j’ai besoin d’un lit, d’être au chaud, c’est vraiment pas le jour.

Je redescends malgré tout dans la vallée à Ville des Glaciers (1789m) sauf qu’il n’y a plus de réseau téléphonique et Ville des Glaciers n’est pas une ville mais représente trois fermes et deux ruines.

17h30.  Je suis exténuée, tant pis je lâche l’affaire, je vais aller dans la ville la plus proche pour passer la nuit. Je fais du stop sur la mini-route qui accole cet endroit. « 50€ et je vous emmène au village d’à coté ». QUOI ?! Ok, je vois que ce chauffeur tente de profiter de ma détresse mais je refuse son offre.

Un berger vend des produits l’alpage et du beaufort, j’y vais, je lui demande de l’aide. « Mon téléphone est cassé depuis l’orage d’avant hier mais si vous voulez vous pouvez passer la nuit dans ma bergerie ». Je n’ai même pas mon duvet, ce n’est pas possible, j’enrage contre moi même d’être si stupide.

Il y a un arrêt de bus, une navette indiquée qui relie Bourg-St Maurice, je suis sauvée ! « Elle ne fonctionne plus depuis hier, les horaires d’été viennent de se terminer ». Je suis désespérée. Coupée du monde sans réseau, fiévreuse, je suis NULLE.

Et pourtant j’y crois dur à ma happy-end alors je lâche pas l’affaire. Je pleure des litres comme si ça allait m’aider. Je pense à tous ces gens qui croient en moi, qui envient ce voyage alors que ça vire au cauchemar. Et je croise une certaine Marie-Agnès. « S’il vous plaît madame, vous êtes du coin ? »

Belle femme, la cinquantaine, elle se promène en fin d’après-midi pour se ré-oxygéner. J’ai peur de lui faire peur avec ma tête fiévreuse. Marie-Agnès répond à mes angoisses avec le sourire et des paroles très positives. C’est elle qui va m’aider.

« Je ne vais pas à l’église mais j’essaie de donner la messe comme je peux dans ma vie ». Elle m’embarque en voiture et m’assure qu’elle me trouvera un lit quelque part dans le coin qu’elle connait très bien. Elle même randonneuse aguerrie, elle a déjà connu des situations de galère et c’est ce que c’est. Elle fera pour moi le forcing au Refuge des Mottets, me trouve une place car c’est complet, ma bonne étoile s’appelle Marie-Agnès. Nous partageons un monaco, je profite du confort de ce gite excellentissime, je suis sure que je vais bien repartir.

Grâce à cet élan gratuit de solidarité, elle sauve de la catastrophe mon jour 2. Je passe même une soirée agréable à tchatcher avec deux randonneurs solos aussi foufous l’un que l’autre ( Ils font des étapes de 40 et 45 km chacun sans rien avoir réservé nulle part…). C’est incroyable comme la mémoire supprime instantanément ce qui pourrait devenir un mauvais souvenir. De la musique, une ambiance festive, cela ne m’empêche pas de m’interroger très fortement sur la suite car je passe la frontière pour l’Italie sans savoir ce que je vais devenir mais à 21H30, il est trop tard pour chercher une solution alors je me mets au lit !

Le jour 2 sur Strava : 21,1KM/ 1856D+

Astuce fruits secs : les acheter chez Lidl !

Mon jour 1 raconté ici

La suite et le jour 3 ici

Refuge Les Mottets : infos ici

 

6 thoughts on “Le Tour du Mont-Blanc : Jour 2

  1. voila le jour 2 de finis , et oh mon dieu que tu as du avoir peur ! heureusement que tu as une bonne etoile et que cela se termine bien ! allez on passe au 3ime volet <3 c'est palpitant <3

  2. Bon sang quelle journée ! En effet, nous n’avions pas perçu cette journée si difficile, je crois, par tes mots sur IG… J’aurais complètement paniqué je crois (le pire pour moi étant la recherche d’un endroit pour dormir, moi qui aime tellement tout planifier…).
    Et au fait, pour les réserves en eau, pas de difficulté au cours du séjour ?

  3. Je me rappelle quand tu nous avais raconté ce passage quand on était au brunch. Mais le voir écrit fait vraiment flipper limite… Punaise t’as vraiment pas eu de chance et de la chance en même temps avec ta sauveuse à la dernière seconde.

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